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Caribaï : L’art en mouvement entre ciel et mer

Caribaï est une artiste visuelle franco-vénézuélienne dont l’univers poétique nous transporte entre les éléments, dans une danse subtile entre la lumière, le vent, la mer et la forêt. À travers ses œuvres immersives, souvent monumentales, elle explore les liens profonds entre l’être humain et la nature.

Son travail se distingue par l’utilisation de matériaux délicats — comme le papier japonais ou le tulle — et par une approche presque chorégraphique du geste. Inspirée par ses racines tropicales et son attachement à l’écologie, Caribaï fait vibrer l’espace avec des installations qui semblent respirer, flotter ou murmurer au visiteur.

Avec une esthétique à la fois épurée et organique, elle nous invite à ralentir, à observer, à ressentir… à nous reconnecter au vivant.

MONDE FLOTTANT

Installation – Suspensions en non-tissé de 1m70 de hauteur, largeur variable, encres sur papiers de soie et papier japon – 2008 et 2020

Les 6 suspensions présentes dans le hall d’accueil de l’hôtel Sangha font partie d’un vaste ensemble de 30 suspensions intitulé Monde Flottant, en hommage aux estampes japonaises. Cette installation a été montrée dans sa totalité au Musée des Arts Asiatiques de Nice (2021), et partiellement à la galerie La Forest Divonne Paris (2022) et Bruxelles (2018). Ces voiles placés à mi-hauteur invitent le promeneur à une déambulation méditative. Ils évoquent des bribes de réel, des paysages apparaissant- disparaissant, évoluant au gré de la lumière changeante et de l’imaginaire du visiteur.

CAÏA III

70 x 300 cm – Encres sur papier japon et plastique marouflé sur bois – 2019

Le polyptyque exposé dans l’Autre Lieu évoque, au premier abord, un monde aquatique coloré, foisonnant, frémissant. Sous l’eau, pour la peintre de paysage que je suis, la notion de paysage rompt totalement avec nos repères habituels : dans cet élément, la présence moindre de la gravité me permet de me mouvoir très facilement en dehors de l’axe vertical, mon regard passe donc d’un élément à un autre sans hiérarchie, car il n’y a plus d’horizon, de perspective, de haut et de bas. Il n’y a qu’un ensemble de sensations, un constant mouvement, et une omniprésence de la lumière diffractée. J’ai tenté de rendre ce caractère très fragmenté de l’expérience visuelle par la juxtaposition de panneaux de largeurs variables, et en m’appuyant uniquement sur la technique du collage de papiers peints puis découpés.

Je pratique cette technique du papier coloré puis découpé depuis la petite enfance, pendant laquelle je me suis inspirée de nombreux collages d’Henri  Matisse, initiateur de cette technique. Bouleversé par la beauté de la pureté des atoll à Tahiti qu’il découvre en 1930, Matisse peintre a mis plus de dix avant de réussir à rendre compte de cette expérience, avec ses 2 oeuvres monumentales réalisées en papier découpé, intitulées Polynésie, Le ciel (1946) et Polynésie, La mer (1948).

Notre océan pacifique n’est plus, aujourd’hui, celui qu’il était en 1930. Un continent de déchets de plastique y flotte. Ce qui est la source de la vie sur terre, l’écosystème marin, est envahi par ce qui fait partie intégrante de nos quotidiens : le pétrole et ses dérivés. La série Caïa dont cette oeuvre fait partie, signifiant «la vie» en hébreux, tente de rendre compte de la merveille de cette expérience aquatique sans occulter la réalité, à travers la présence d’éléments «intrus» issus de sacs en plastique découpés qui se fondent dans l’ensemble des papiers colorés.